Jenny,
Tu permets que je t’appelle Jenny n’est ce pas ?
Bien…
Ma chère Jenny donc.
J’ai écrit il y a bien longtemps de cela, à propos de l’une de tes éminentes confrères, qu’à « côté de sérieuses qualités, il manque à l’artiste… de n’être pas homme ».
Il me semble pourtant n’avoir manqué ni de clarté ni d’intention.
Or, horreur.
Voilà que je me retrouve créé, créature, objet fantasque d’une artiste qui n’en pas un.
Figé en une posture éternelle.
Impuissant.
J’étais mouvement tu m’as fait bronze
J’étais mots, tu m’as cloitré dans le silence
Observateur, me voilà désormais réduit au néant somnambule, que dis-je somnambule ? somnolent !
Qu’as-tu fait de moi ? Un monstre !
Prométhéen, empêtré dans les poussières des mythes !
Mon œuvre, à la risée, humiliée.
Support ridicule pour volatiles des cités.
Alors je crie
Je hurle
Révolte, Révolte.
Ni Dieu, ni Maitre, ni castration.
Mais ? voilà qu’au fond de cette colère raisonne le confort d’une voix familière.
Ma mère.
« Mais calme toi Emile, calme-toi.
Cette petite n’a pas pensé à mal ».
Regarde..
Tu ne dors pas, tu penses.
Tu ne tais pas tu t’exposes.
Tu étais seul et maintenant tu te partages.
Alors ?
Pourquoi tout ce bruit ?
En plus, elle est plutôt mignonne cette petite… Non ?
C’est vrai m’man, c’est vrai..
Excuse moi Jenny. Je m’emporte.
C’est qu’aux artistes, en fait je préfère la femme.
Derrières mes mots se cachent un grand timide tu sais. Alors parfois. Oui j’explose.
De pudeur, de rougeur, de tendresse en fait.
C’est pas contre toi, au contraire, je t’aime bien.
D’ailleurs ?
Au jeu du dieu et du maitre, si on échangeait ?
La maitresse et ses amants ?
Augustes voluptés et tous les sacréments ?
Mais voilà que je m’égare encore.
Et remplace une énergie par une autre.
Excuse moi.
Face à l’éternel.
Il faut que j’accepte.
Les mots, le silence du temps.
Et puis l’oubli.
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